Olivier Guillaume, « Sans transformation, pas de vision nationale pour Flauraud »

Caroline Ridet
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En juillet dernier, Olivier Guillaume, à la tête de la direction générale du groupe de distribution propriété d’Emil Frey, annonçait le lancement d’un vaste chantier de transformation dans les colonnes de Zepros (Aurilis Group/Flauraud rationalise ses appros... et le reste ). Ce plan de mutation profonde doit permettre au distributeur de se projeter vers l’avenir et vers un destin national.

À l’issue d’une réunion le 12 janvier, les 467 salariés et le CSE (comité social et économique) du groupe ont eu connaissance du projet.

Les informations que Zepros a recueilli sur le terrain :

• La fusion de plusieurs magasins impliquerait la fermeture potentielle de trois sites débouchant sur un PSE (plan de sauvegarde de l'emploi) et touchant 112 postes avec des suppressions, des transferts mais aussi des recrutements.

• La plateforme logistique de Clermont-Ferrand (63) renforcera sa position stratégique, devenant le cœur de réacteur d’une distribution repensée.

• Le renforcement de la « Digital Factory » doit donner aux garages un outil performant pour la recherche et la commande en ligne sans oublier celui de la logistique.

• Commentaire d’un salarié du magasin de Clermont-Ferrand qui entrevoit son avenir sur la plateforme : « Nous n’aurons plus de relations directes avec les clients. Dans l’entrepôt de stockage, nous deviendrons opérateurs dans la préparation et l’expédition des commandes. Il va falloir se familiariser avec le fonctionnement d’une chaîne d’approvisionnement automatisée, avec des rayonnages pour le picking et des convoyeurs qui déplacent les cartons vers les zones où sont stockées les PR à envoyer. »

Jean-Pierre Raynaud

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Olivier Guillaume : Je ne confirmerai pas des informations qui ne sont pas encore totalement validées. Car il s’agit d’un projet dans lequel nous avons choisi d’impliquer nos élus et délégués syndicaux, ce qui n’est d’ailleurs pas une obligation. Nous sommes entrés dans une période de trois mois de négociation sur l’ensemble des points. Il y a effectivement des suppressions, mais aussi des créations de postes pour des compétences actuelles et des nouvelles, et ce n’est pas à la marge. Pour les salariés dont le poste est supprimé, nous allons proposer le plus possible des postes soit en interne chez Flauraud, soit dans le groupe.

Cette annonce a donné lieu à des rumeurs dans l’écosystème ! Vers la fin ou un renouveau ?

O.G. : Définitivement un renouveau. Et ce n’est pas du tout le « syndrome Laurent » comme on peut l’entendre ! Il est impératif de se mettre en ordre de marche pour le futur. Une société qui ne se transforme pas n’a pas de vision sur l’avenir. C’est la raison principale de cette transformation profonde. Je l’ai expliqué aux équipes et cela les a rassurées. Mais il ne faut pas se voiler la face. La transformation d’une entreprise est toujours de nature à inquiéter, d’autant plus dans ce contexte de crise sanitaire particulièrement anxiogène.

Quel atterrissage pour 2020 ?

O.G. : Notre CA est inférieur à celui de 2019. Logique, car nous avons fait le choix de privilégier la santé de nos salariés avant le chiffre d’affaires, et nous avons donc fermé au moment du confinement. Et si le secteur a été dynamique avec un rebond à partir de mai, le business a recommencé à chuter en fin d’année (reconfinement). Cela a évidemment eu des impacts sur les chiffres [N.D.L.R. : autour de la moyenne à – 10 % de l’après-vente].

Ce plan est-il en lien avec la crise actuelle ?

O.G. : Le marché de la pièce auto se transforme depuis un bon moment avec des attentes client différentes, la concentration des distributeurs… Flauraud subit de plein fouet cette mutation profonde et durable. Dans ce contexte extrêmement tendu et amplifié par la pandémie, nous avons décidé de mettre en place un plan de transformation. Les questions que nous nous sommes posées valent pour toutes les entreprises sur un marché en mutation. Les choses se construisent pas à pas. Il faut peser toutes les options. Mais aujourd’hui, nous sommes dans un nouveau plan d’envergure de développement national avec l’accompagnement de notre groupe. Ce projet est impératif pour retrouver de la compétitivité, avec des coûts de distribution qui sont une composante importante. Il faut investir sur le futur. Il faut repenser notre modèle de distribution. Notre objectif est bien là. Nous avons investi (3,5 M€) dans la plateforme de Clermont-Ferrand et maintenant il faut exploiter au maximum cet outil performant. Ces investissements ont pour objectif de minimiser les coûts de distribution tout améliorant le service à nos clients.

Vous annonciez à Zepros une ambition nationale pour l’enseigne ?

O.G. : Oui, l’étape d’après est de devenir un acteur national. En restant distributeur majeur de la grande région Sud-Ouest, Flauraud n’a pas d’avenir. L’idée est donc de travailler sur l’ensemble du marché hexagonal à partir de notre plateforme. Notre réorganisation est liée à ce projet de conquête du marché français. Elle touche à notre distribution et notre direction commerciale pour assurer encore plus de proximité avec nos clients, plus de flexibilité, mais aussi nos services marketing et achat pour avoir une lecture plus fine du marché et une offre produits plus adaptée aux besoins des clients. Nous travaillons sur un plan de déploiement national avec une organisation spécifique. Ce sera très novateur dans notre métier.

Propos recueillis par Caroline Ridet

Caroline Ridet
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