Denis Baeza, GNAC : « Les agents Citroën ne lâcheront rien sur la rémunération des VN »

Muriel Blancheton
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Denis Baeza, GAC

Les 1550 agents de la marque aux chevrons entrent en conflit avec Citroën sur leur rémunération accordée pour chaque véhicule neuf vendu : 200€ bruts, somme déjà jugée inacceptable mais en diminution constante. Via leur président, Denis Baeza, ils entrent en action pour se faire entendre…

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Quelle est la raison des tensions entre le réseau d’agents Citroën et PSA ?

Denis Baeza : Nous nous retrouvons en première ligne d’un discours axé sur des économies, dont la baisse de nos rémunérations lors de la vente d’un VN. Chaque agent est rémunéré selon le nombre de véhicules vendus, sachant qu’il assume la partie livraison, la mise en main ainsi que l’administratif. Mais en moyenne, il gagne 200€ bruts par véhicule neuf, soit de 0,95 à 1,6% du prix de vente final ! Nous sommes également astreints à remplir plusieurs conditions pour atteindre ces objectifs comme acheter des VD, faire des animations… Sauf que cette prime diminue chaque année pour rester au même niveau que la prime de performance, et on parle d’un octroi de 25€ pour toutes les strates (lire la segmentation ci-après) et 30€ pour la strate B, ce qui est insuffisant car les trois quarts des agents ne perçoivent déjà pas les primes faute de réalisation des objectifs. En 2019, 36% les ont atteints. En 2020, ce ne sont que 25% du fait de la crise sanitaire, soit 65 000 VN au total. C’est peu, mais le constructeur ne peut se passer de notre canal.

Segmentation des agents selon le nombre de VN vendus à l'année :

  • Strate A : les agents qui vendent entre 0 et 24 VN (350 adhérents concernés sur les 1550)
  • Strate B : les agents écoulant de 25 à 66 VN (950)
  • Strate C1 et C2 : ne concerne que les agents qui ont leurs propres vendeurs (200)

Mais pour vous également, la vente est un levier pour le SAV. Vous ne pouvez vous en passer ?

D. B : En effet, c’est une source de business et de rentabilité, mais nous ne pouvons travailler pour si peu car nos coûts augmentent (charges, frais de structures, mise à l’image, électrification…). Mais ce système nous tire vers le bas et nous ne nous retrouvons pas dans les calculs du constructeur. Nous n’avons pas les mêmes possibilités que les concessionnaires qui peuvent compenser la perte sur la prime de performance avec celle sur les immatriculations par exemple, ou celle sur la qualité… Le Groupement des Agents Citroën demande donc la réévaluation de cette commission fixe à 50€ par véhicule vendu. Cette demande est inscrite dans nos annexes du contrat de distribution.

Pourquoi le constructeur n’accepte-t-il pas votre proposition ?

D. B : PSA fonctionne en enveloppe fermée avec un budget préétabli pour les commissions des agents. Il ne veut pas payer cette somme fixe car elle ne serait plus soumise à conditions. La marque veut clairement faire des économies sur nous. Donc, nous demandons aux agents de ne pas signer ses annexes mais de s'engager sur les nôtres car les sommes évoquées sont trop minimalistes. Je le redis : 200€ brut pour vendre un VN, c’est inacceptable et nous valons mieux que cela.

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Vous dites que 96% des agents sont prêts à faire bloc. Qu’est-ce que cela signifie concrètement ?

D. B : Nous pouvons ne pas inscrire les mails et les téléphones des clients afin d’empêcher les concessionnaires de mener leurs enquêtes qualité pour lesquelles ils sont rémunérés, contrairement à nous. Nous pouvons boycotter les véhicules de démonstration, même si cela est contractuel. Nous pouvons ne pas mettre les véhicules en exposition dans le hall, ou les bâcher de noir, ne pas commercer tout simplement…Tout sera fait à la discrétion de chacun. Mais notre objectif est simple : nous voulons sensibiliser PSA sur le fait que nous ne sommes pas rémunérés à la hauteur de notre travail. En 2013, nous avons participé à l’effort de guerre pour remonter le groupe au bord de la faillite. Maintenant, il faut un juste retour et la reconnaissance de ce travail accompli.

Les agents Peugeot sont-ils dans la même problématique ? Pourriez-vous mutualiser vos efforts ?

D. B : Je suis agent Peugeot depuis 2012 et la philosophie est différente en matière de commerce. Les problématiques ne sont pas du même ordre donc il serait difficile d’associer les forces. Ce qui ne nous empêche pas de travailler ensemble sur d’autres sujets comme l’après-vente. Et ne donnons pas au groupe la possibilité de diviser pour mieux régner.

Quelle est la situation actuelle ?

D. B : Les 1550 agents ont reçu notre information relative à ce désaccord ainsi que les annexes mentionnant notre souhait de réévaluer la grille de rémunération et la prime de performance. Les concessionnaires et Citroën également. Le niveau d’information est le même pour tous. Verra-t-on deux contrats courir dans le réseau d’agents, entre le nôtre et celui de Citroën ? Le risque existe. Mais nous ne lâcherons rien.

Muriel Blancheton

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